Quitter Shangaï pour l’Occitanie ? L’architecte d’intérieur Baptiste Bohu l’a fait
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C’ est au nord de Montpellier sur une colline verdoyante qu’il a réinterprété une villa des années 80 prolongée par un jardin méditerranéen. Une liberté d’expression qui invite la lumière, l’ethnique, les couleurs de la terre à composer un espace à rêver.
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Installé depuis 16 ans à Shangaï après des études de commerce, Baptiste est contraint de rentrer en mars 2020 dans sa région natale. Face à la situation sanitaire, il laisse derrière lui son agence de design et ses collaborateurs. Les semaines s’enchainent et Baptiste décide de mettre à profit son temps libre pour reconstruire son agence en France et une vie plus proche de la nature.
Il visite presque par hasard cette maison des années 80 et c’est un vrai coup de foudre. Le jardin, la situation exceptionnelle, et la bâtisse de belle facture de plus de 200 m2 l’inspirent totalement. « Tout de suite je me suis imaginé vivre ici ».
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Cependant elle est très sombre, il y a une seule salle de bain et les terrasses extérieures sont inexistantes. Baptiste retrouve dans les arches intérieures, dans la nature environnante un air de finca espagnole. Il imagine les plus gros travaux et dessine rapidement un nouvel art de vivre avec la volonté d’ouvrir les façades pour laisser entrer la lumière. L’idée est de travailler une atmosphère de vacances, en adéquation avec l’environnement immédiat.
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Pour répondre à l’esprit andalou, Baptiste a commencé par construire en extérieur des arches sur chaque côté de la maison et à repeindre toute la façade en blanc. Ces constructions ont déterminé l’emplacement des différentes terrasses au nord et au sud. À l’intérieur les menuiseries ont été complètement revues avec des baies à galandage immenses qui permettent au salon et à la salle à manger de se prolonger en extérieur. Dans chaque pièce l’architecte d’intérieur a réalisé des murs de niches afin de minimiser les meubles. Comme des tableaux ces niches permettent de mettre en valeur des livres, des objets, des céramiques. Très graphiques, elles apportent caractère et personnalisation à l’ameublement intérieur.
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Baptiste a voulu créer des salles d’eau pour chaque chambre afin d’offrir plus de confort. Au premier étage toutes les cloisons ont été abattues afin de réaliser la chambre parentale avec son salon de bain immense. Ses longues années passées en Asie lui ont donné le goût de larges pièces d’eau où le temps s’écoule lentement.
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Pour la décoration, Baptiste s’est inspiré de ses voyages mais surtout du Maroc avec lequel il a un attachement particulier. Il fait fabriquer là-bas tous les zelliges pour les salles de bain mais aussi des meubles sur-mesure comme les tables et chaises. Il chine dans les souks, les poteries, les luminaires, les tapis. Le salon est décoré dans une harmonie de blancs cassés et de matières naturelles, lin, raphia, rotin et bois brut. Totalement ouvert sur l’extérieur on peut admirer la piscine et les pins parasols. La salle à manger jouxte la cuisine et s’ouvre elle sur un ravissant patio côté nord. La cuisine un peu cachée découvre un espace chaleureux avec sa crédence en zelliges graphiques, son lustre et sa table chinés. Les nuances de la cuisine se retrouvent dans les autres pièces créant ainsi une harmonie à l’ensemble de la maison.
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Dans les chambres, Baptiste a utilisé les mêmes ingrédients avec un mur peint dans des teintes naturelles, des tapis, lampes et coussins ethniques et une salle d’eau en zelliges et béton ciré
On aime déambuler dans cette lumineuse maison car à chaque coin, sur chaque mur, Baptiste a imaginé une ambiance à l’aide d’un vase et de quelques branches ramassées en pleine nature, avec un tapis ancien et un fauteuil en osier. Il sait à la perfection créer des mises en scène et le voyage se poursuit dans le jardin.
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L’exercice était périlleux car reconstruire une nouvelle vie dans une maison provençale des années 80 n’est pas donné à tout le monde. Baptiste a su avec un budget limité réinventer la maison. L’hacienda sous les pins parasols séduit tous les visiteurs et on a même l’impression qu’elle a toujours été là !
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Interview de Baptiste, designer et architecte d’intérieur
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Bonjour Baptiste, pourquoi avoir travaillé de longues années en Chine ?
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À la fin de mes études de commerce, j’ai effectué mon stage dans une agence de design à Shangaï. J’ai beaucoup aimé l’ambiance de cette ville, son dynamisme et le cercle d’amis que je fréquentais. Par la suite j’ai rencontré un architecte avec lequel je me suis associé. Mon premier projet fût l’appartement que je louais dans un quartier réputé de la ville. Je l’avais choisi pour son emplacement et son espace mais il était en très mauvais état. Le propriétaire m’a laissé carte blanche pour le rénover. C’était très précurseur car il n’existait pas d’agence de design et rénovation à Shangaï. Mon projet est paru dans AD et Elle Décoration qui venaient de s’installer en Chine et ce fût un grand succès. J’avais refait le lieu avec mes petits moyens mais j’ai su mêler le style indonésien avec le style français que les Chinois adorent. Les chantiers se sont succédés sur Shangaï mais aussi à Bali, ce furent de très belles années où l’effervescence stimulait notre agence et mes collaborateurs. Mars 2020, le Covid débarque et je décide de rentrer chez mes parents à Montpellier, je ne savais évidemment pas que le confinement allait durer 2 ans.
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Après ce beau projet de rénovation vas-tu rester en France ?
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En fait le confinement m’a permis de me poser et de réfléchir. J’ai redécouvert ma région et j’ai eu beaucoup de plaisir à me balader dans ces collines et vignes au nord de Montpellier, le long des plages et au cœur des villages anciens. J’ai donc recréé une agence de design ici et je démarre 3 nouveaux projets de rénovation de maisons individuelles. Mon équipe à Shangaï continue de travailler et je vais prochainement aller les revoir. Je compte donc vivre une double-vie entre la France et Shangaï.
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Comment trouves-tu ton inspiration ?
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Ce sont mes voyages qui me nourrissent. Je viens de passer 5 jours formidables à Séville et j’ai adoré le mélange de cette culture chrétienne et mauresque. J’ai un attachement particulier au Maroc car les artisans ont des mains en or. Je fais fabriquer beaucoup de meubles là-bas que j’intègre dans mes projets. Je passe des heures à chiner des lampes, des tapis, des assiettes. J’imagine même pouvoir créer ma propre ligne de mobilier très prochainement !
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Instagram : https://www.instagram.com/baptistebohu/?hl=fr
Texte : Isabelle Aubailly
Photos : Floart Photographe