Texte : Isabelle Aubailly
Le soleil est encore bas lorsque nous traversons le Rhône. Nous laissons Avignon derrière nous pour grimper vers les contreforts de Villeneuve-lès-Avignon, la cité des cardinaux, où l’histoire se dévoile à chaque coin de rue.
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Ici, l’influence des papes et de l’Histoire imprègne chaque pierre, chaque ruelle, rappelant le glorieux passé de cette ville intimement liée à sa grande sœur, Avignon. Nichée entre les rives du Rhône et les douces collines, cette cité royale fondée par Philippe le Bel, a été le théâtre de chantiers titanesques donnant vie à de somptueux palais cardinalices.
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Vers l’an 1000, l’Abbaye Saint André est édifiée par les Bénédictins sur le Mont Andaon. Le bourg Saint André devient ensuite forteresse et avant-poste militaire, sous l’influence du roi.
Nous entrons dans Le Prieuré adossé à la Collégiale Notre-Dame de Villeneuve-lès-Avignon. Le Prieuré fut palais, on disait alors une livrée, édifié en 1332. Peu avant sa mort, le cardinal Arnaud de Via son propriétaire, neveu du Pape Jean XXII, en fit don à des Chanoines pour y fonder un prieuré. Il devint par la suite une pension de famille pour artistes peintres puis fut transformé en hôtellerie de tourisme.
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Dès que l’on y pénètre, on est subjugué par ce lieu paisible. Les bâtisses, tel un hameau avec en son cœur un patio et un jardin de simples, très fleuri et odorant, mêlent pierre ancienne et design contemporain. Après une courte visite des différents salons nous découvrons notre large chambre avec vue sur les toits et le jardin.
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Ce calme, que goûtaient autrefois les hommes et les femmes du clergé, nous apporte de la sérénité et de la beauté. Le Prieuré rattaché à la Maison Baumanière depuis 2007 a été décoré par Geneviève Charrial. On retrouve son goût pour l’authenticité avec du mobilier ancien à la patine naturelle et le contemporain avec ses lampes et objets design. Un savant mélange qui a fait de cette maison historique un lieu qui perpétue une philosophie, un art de vivre authentique et sincère. Alexandre Favier,
le directeur, et son équipe tout sourire, sont là pour que l’on se sente bien.
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Nous prenons le temps de parcourir les ruelles encore ensoleillées et de nous asseoir sur le promontoire qui domine Avignon, son pont et ses remparts. Le coucher de soleil est ici admirable. On peut y découvrir le Mont du Ventoux, les Alpilles, le Rhône, et le Palais des Papes. Le soleil descend, nous rentrons nous préparer pour le dîner gastronomique. Le décor historique donne envie de porter une robe noire élégante, des talons, un sautoir doré et ses boucles d’oreilles assorties.
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Le Prieuré a entamé une nouvelle existence depuis que le Chef Christophe Chaviola a obtenu une étoile Michelin en 2023.
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Arrivé en Provence en 2013 à Saint-Rémy de Provence, Christophe Chiavola est alors le chef du Hameau des Baux où il conserve l’étoile au Guide Michelin, puis au Château de Massillan où il l’obtient. Il décide alors d’un break d’une année afin d’exercer en tant que consultant en gestion et approche culinaire créative. Il rejoint la tête des cuisines du Prieuré Baumanière en 2023 et obtient l’étoile en seulement 6 mois. « Je veux proposer une cuisine qui me ressemble, osée, personnelle et très épurée. Des saveurs où l’acidité est marquée, du croquant, pas trop de sucre… ». Nous nous attablons dans la salle aux voûtes anciennes, une large cheminée de pierre face à nous, lumières tamisées et nappage blanc magnifient le lieu.
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Des chambres au salon, de l’entrée à la salle de restaurant, la décoration souligne le passage du temps et donne une assise à la fois patrimoniale et actualisée aux espaces à vivre. Nous sommes hors du temps. La table de Christophe Chiavola revisite les saveurs locales avec beaucoup d’intensité. Il faut se laisser guider par le Chef : huîtres croquantes, jambon fondant sur tartelette croustillante aux légumes du soleil, carpaccio de gambas aux agrumes véritablement délicieux, un savant mélange d’acidité et de douceurs. Le Saint-Pierre au gel citron et émulsion de chou-fleur potiron et salicorne est beau, acidulé et comment dire « fou en bouche ». La cave est aussi un point fort avec la dégustation des meilleurs vins du Rhône comme la cuvée Cairanne du domaine de Peyre Blanche de la famille Perrin.
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Nous sommes gourmands et les desserts cultivent le goût des épices comme ces raisins cuit dans du vin chaud avec granité de vin chaud à la badiane et cannelle. Le Chocolat noir et caviar de Madagascar avec sa glace yaourt et beurre salé ose des associations inconnues mais totalement réussies. Un café, un sourire et il est l’heure de retrouver notre chambre mansardée de la maison principale.
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Les rayons de soleil à travers les rideaux, les toits se parent de couleurs rosées, le matin semble clément. Le petit-déjeuner est servi face au jardin, jasmin et glycines aux beaux jours. Nous avons réservé une visite guidée de l’Abbaye de Saint-André à quelques pas du Prieuré. Fondée au Xe siècle comme monastère bénédictin et devenue abbaye royale au XIIIe siècle, elle reflète l’importance historique et culturelle de la région. Bien que partiellement détruite pendant la Révolution française, elle a été magnifiquement restaurée, maintenant ornée d’un palais abbatial.
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Les jardins de l’abbaye, s’étendant sur 2 hectares, ont été labellisés “Jardin Remarquable” en 2014. Ils réunissent plus de 111 espèces de plantes méditerranéennes, des oliviers et pins centenaires dans un ensemble de décors variés : parterres de style toscan, bosquets à la française, rocailles méditerranéennes et terrasses panoramiques. On se régale à déambuler dans les allées, à découvrir les différents lieux de contemplation, à observer le paysage provençal.
Villeneuve-lès-Avignon demeure, grâce à sa géomorphologie vallonnée et sa beauté architecturale, un lieu de visite très convoité, notamment par les Avignonnais. Ils sont enchantés de jouir, à quelques pas de la cité, d’un panorama naturel et historique classé.
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Au déjeuner nous découvrons une nouvelle palette du chef, la simplicité de ces plats de midi, qui apporte peut-être encore plus de valeur au produit. La cuisson de notre flétan est juste parfaite et le goût de ce poisson est délicieux. Légers et savoureux , les plats du Bistrot Chic offre une formule décontractée.
Aux beaux jours, le barbecue est allumé pour cuire la côte de bœuf ou le carré de veau rehaussé de thym et de romarin.
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« Il faudra revenir », me propose Monsieur Favier, le directeur.
« On vous installe à l’ombre d’un tilleul et je vous assure le temps s’arrête ici ».
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Le Prieuré
7 Place du Chapitre
30400 Villeneuve-lès-Avignon
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www.leprieure.com
