On aime se retrouver sur Porquerolles, nager à la plage Notre-Dame, prendre un café sur la Place d’Armes et partir découvrir la nouvelle exposition de la Fondation Carmignac, le rendez-vous incontournable de l’été. Au départ, il y avait une ferme, visible dans le film Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard, sorti en 1965.
Dans les années 1980, l’architecte Henri Vidal transforme la bâtisse en villa et construit une butte de terre pour surélever l’ancienne ferme et voir la mer depuis ses fenêtres. Invité pour un mariage Édouard Carmignac tombe sous le charme du domaine. Il imagine en faire plus tard un lieu dédié aux arts.
En 2014, les travaux débutent pour métamorphoser la villa en fondation d’art, sur une conception de l’atelier Barani puis de l’agence GMMA. Tout le projet a consisté à dégager 2000 m2 d’espace sous la surface de la maison existante, sans que ses contours ni le paysage en soient modifiés.
Au centre du musée, un plafond d’eau transparent laisse pénétrer la lumière et éclaire les espaces ainsi immergés. Éclaboussée d’éclats et de reflets, la lumière zénithale devient ici quasi liquide. Le visiteur se retrouve ainsi face à une architecture qui joue avec nos sens et brouille nos repères.
Cette année l’exposition L’île Intérieure, imaginée par Jean-Marie Gallais, explore un moteur essentiel de la création, aussi puissant que commun : la mise à distance du réel pour révéler une intériorité.
De Peter Doig à Anna-Eva Bergman, d’Ali Cherri à Auguste Rodin, l’exposition propose de confronter les visiteurs à ces mondes flottants hors des géographies et des temporalités connues.
L’exposition se déploie sur les deux niveaux de la Villa Carmignac avec un parcours entièrement repensé et inversé par rapport aux années précédentes.
Après s’être déchaussé, la visite commence par le rez-de-chaussée, dans une villa baignée de lumière au contact d’une nature et d’un environnement particulièrement vivants et présents à Porquerolles. Au fil du parcours et des œuvres exposées, cette réalité se dissout et le visiteur s’enfonce sous la villa pour y découvrir des univers plus sombres et plus introspectifs.
Puis la remontée à la surface nous permet de nous reconnecter avec les jardins, les embruns et les odeurs d’eucalyptus.
Prendre le temps de déambuler dans les jardins sauvages de la Fondation et découvrir au détour d’un chemin les œuvres d’art. Le jardin a été conçu comme un lieu de nature dans lequel les propriétaires se sont attachés à générer un équilibre par soustraction et protection plus que par addition.
Ainsi, des végétaux pionniers et endémiques ont été conservés ; allant d’abondantes cistes, aux lavandes d’Hyères, en passant par des beautés plus rares et protégées telles que le genêt à feuilles de lin et les sérapias parmi les plus ravissantes orchidées. Un jeu d’apparition et de disparition des œuvres a été aménagé avec les arbres et les arbustes.
Fullmoon de Darren Almond
Pour L’île intérieure, Darren Almond a repris sa série Fullmoon, images photographiées lors de nuits de pleine lune dans des sites du monde entier. La première de ces images, à la fin des années 1990, a été réalisée en Provence, l’artiste partant en quête des nuits cosmiques de l’histoire de l’art.
Ouvert jusqu’au 5 novembre 2023
> 10h – 18h en Avril, Mai, Juin, Septembre, Octobre et Novembre – Fermé les lundis