Ce qui frappe c’est la présence des falaises à l’entrée du domaine comme si l’habitat se confondait avec le paysage pour ne former qu’une seule et même identité, comme s’ils étaient indissociables. Le Mas est situé dans le Vallon de la Fontaine, entre le pavillon d’amour de la Reine Jeanne, véritable bijou de la Renaissance, et l’entrée du Val d’enfer, site grandiose qui inspira Dante dans la description de son « inferno » de la divine comédie.
Le célèbre architecte Gérard Faivre a totalement revu le célèbre mas, autrefois auberge de renom aux pieds des Baux de Provence. « J’ai eu comme une révélation face à cette ancienne auberge devenue chambres d’hôtes. J’ai eu envie d’y faire un écrin contemporain en respectant l’esprit des lieux. Ce qui frappe tout de suite c’est la présence de la falaise et du village des Baux. La roche enveloppe ce lieu et lui apporte une force incroyable. Le mas se compose de trois maisons, le mas d’origine, une seconde maison plus petite et une partie totalement troglodyte, la plus spectaculaire. Il a fallu traduire cette force du lieu dans la décoration intérieure ». L’architecte s’est entouré de nombreux artisans pour sublimer l’intérieur et les jardins.
Le mas principal est le lieu de vie de cette propriété. À l’entrée, des canapés surdimensionnés entourent une table basse éclairée par des lampes soufflées en verre de Murano. La lumière naturelle entre à flots par de hautes ouvertures. À quelques marches, la cuisine et la salle à manger prolongent les pièces de vie. Des arrondis, des couleurs chaudes, du bois, de l’inox, une mise en scène où tous les éléments doivent s’harmoniser. Un escalier suspendu mène à deux suites, prolongées par leur terrasse et sa vue magique sur la propriété et le village. Matériaux nobles, plaids, rideaux chaleureux et fauteuils contemporains se déclinent dans une palette de coloris neutres.
Dans le second bâtiment, le sublime espace troglodyte (ancien moulin à huile) situé sur le haut de la propriété comprend deux suites où la roche entre dans la chambre comme un élément indispensable à la construction du lieu. Une grotte luxueuse où l’ameublement permet de dormir là face à la roche comme dans un cocon protecteur. Redescendant des terrasses par un joli escalier en pierre, nous découvrons la 3e demeure, un joli petit mas reconverti en deux suites communicantes possédant, elles aussi, la même force dans leur décoration. Le climat permet, tout au long de l’année, de s’installer en terrasse et de profiter de la douceur et de la lumière, chère aux peintres. L’espace extérieur est donc pensé comme une pièce à vivre supplémentaire qui doit s’intégrer dans l’esprit de l’habitation et prolonger le sentiment d’unité. Les éléments naturels, la pierre, la végétation aux essences méditerranéennes sont un fil conducteur. Une attention particulière a été portée à l’éclairage extérieur de ce lieu prestigieux, qui continue ainsi de susciter l’étonnement la nuit tombée. L’architecte a atteint le but de son travail : faire ressentir en entrant dans le mas ce qui définit les Baux, c’est-à-dire la roche, une histoire et la nature.
Interview de Thibaud Elzière, propriétaire de l’Etoile des Baux
Bonjour Thibaud, pourriez-vous vous présenter et me raconter l’histoire de cette maison ?
Thibaud Elzière : Je suis entrepreneur initialement dans la Tech, j’ai créé Fotolia (revendu à Adobe) et le startup studio eFounders à l’origine de plus de 30 startups. Aujourd’hui, j’ai décidé d’aller un peu plus loin, en me lançant avec mon frère Robin dans une nouvelle aventure : Iconic House. Notre ambition ? Proposer une collection de maisons d’exception à la location, avec des services et une expérience digne des plus grands hôtels. Avec Iconic House, on se positionne à mi-chemin entre le marché de la location saisonnière qui est en pleine expansion, et celui de l’hôtellerie. Parce que louer une maison est devenu ces derniers temps une alternative sérieuse à l’hôtel, et particulièrement sur le segment de l’ultra-luxe sur lequel nous nous positionnons. Contrairement aux agences comme le Collectionist et Barnes par exemple, ces maisons nous appartiennent. Ce qui nous permet d’aller beaucoup plus loin dans l’aménagement, la décoration, le service et l’expérience globale proposée à nos clients. Et d’instaurer un fil rouge entre toutes les Maisons de notre (future) collection. Cette première maison est un véritable coup de cœur qui correspond parfaitement à notre ambition : l’environnement, l’histoire et la décoration doivent être liées pour offrir des lieux d’exception. L’histoire est très intéressante car ce fût la plus grande propriété du Val d’Enfer. C’est un ancien mas agricole un temps reconverti en auberge provençale (table et maison d’hôtes) très typique, très appréciée, et notamment largement plébiscitée par les Anglo-saxons. Le lieu a été fréquenté jadis par Gérard Philippe et Maurice Ronet car c’est vrai son emplacement est rare et ultra-privilégié. Le mas est dans un vallon préservé tout près des plus belles carrières de pierre des Alpilles et il offre l’une des plus belles vues sur le village des Baux-de-Provence.
Quelles étaient vos intentions de départ ?
T. E. : Concevoir un lieu unique qui tient la promesse d’iconicité (fil rouge de la marque Iconic House), et faire de cette Maison l’un des fleurons de notre collection à venir. Façonner un écrin résolument contemporain dans un cadre naturel unique et impressionnant, en respectant l’existant et l’esprit des lieux. Instaurer un dialogue permanent entre l’Art et les éléments naturels (jardin, pierre, falaises).
Quels travaux avez-vous menés ?
T. E. : L’architecte Gérard Faivre avait déjà réalisé les travaux de rénovation. Nous aimons beaucoup son travail, il a gardé l’essentiel pour sublimer le lieu et le jardin. Seule la décoration a été quelque peu modifiée pour plaire au plus grand nombre et offrir une palette de coloris chaleureuse qui nous semblent bien se marier avec les pierres et l’extérieur. Nous avons conservé ce sol en micromortier noir et blanc imaginé par Gérard Faivre car il fait le lien entre toutes les bâtisses. Il fallait un élément conducteur avec beaucoup de présence pour asseoir la force des bâtiments dans le paysage. La cuisine a été éco-conçue par Boffi, c’est un modèle de la designer Patricia Urquiola en céramique, Lave et acier. Nous avons ajouté cette large table en bois massif. La beauté et la couleur du frêne s’associe aux matériaux froids de la cuisine. Les salles de bain ont été traitées dans un style ultracontemporain. Certaines sont troglodytes, creusées à même la roche. Le contraste est saisissant entre les différentes matières comme les mosaïques, le marbre et la roche. Le mobilier a été choisi avec soin notamment dans la pièce de vie principale. Les canapés sont de Capellini et nous avons gardé les bulles en verre soufflé de Murano choisi par l’architecte. La légèreté du verre s’harmonise avec la brutalité des murs.
Les espaces extérieurs ont été retravaillés ?
T. E. : Conçu avec le paysagiste Sylvère Fournier, le parc de 5000 m2 a été totalement retravaillé et une attention particulière a été portée aux éclairages extérieurs. Le lieu devient vraiment magique à la nuit tombée. Gérard Faivre avait imaginé le théâtre de verdure adossé à la falaise et le cinéma en plein air ! Ce lieu incroyable se devait d’être proche de l’art et de la culture omniprésents aux Baux de Provence. L’extérieur vit presque toute l’année car le moindre rayon de soleil même en hiver permet des déjeuners au soleil à l’abri du vent. L’été, c’est évidemment le lieu où on va passer la majorité du temps entre baignades, balades et séances de cinéma.